Chambres d’écho

Les filles de l’ogre et la compagnie Oui aujourd’hui

Un projet de
Marion Amiaud – comédienne
Marie Ballet – metteuse en scène

 

Spectacle tout public à partir de 10 ans
Durée estimée : 1H
Ecriture – Marie Ballet et Marion Amiaud
Mise en scène – Marie Ballet
Interprétation – Marion Amiaud
Création sonore et chorégraphique – Stéphane Lechit
Administration – Léna Guéllil
Production Les Filles de l’Ogre et Compagnie Oui Aujourd’hui.
Création Printemps 2024

PRÉAMBULE


Le rapport de la commission «Les Lumières à l’ère du numérique» commandé par le président de la république en 2021 et présidé par le sociologue Gérald Bronner fait état d’une situation préoccupante concernant «le désordre informationnel» que nous vivons aujourd’hui. Une récente étude -réalisée par l’Institut CSA pour Milan Presse- montre que huit adolescents sur dix adhèrent à une théorie du complot. De plus – d’après une enquête de NewsGuard – 20% des vidéos diffusées sur TikTok contiennent de fausses informations. Il semble également établi que les algorithmes qui pilotent les réseaux sociaux procèdent à une sélection et une amplification de certains contenus pour les rendre viraux.


Si la recherche de la vérité ainsi que la liberté de pensée sont des valeurs qu’il faut défendre, la multiplication des sources d’informations associée à ces méthodes algorithmiques produisent la prolifération de toutes sortes de théories, croyances ou contre-vérités.

Dans le monde actuel globalisé et interconnecté, développer l’esprit critique relève alors d’un enjeu majeur pour l’émancipation sociale, professionnelle et citoyenne de l’individu et du collectif.


Aujourd’hui il est en effet facile d’aller chercher confirmation d’une opinion ou d’une croyance sur Internet. Tout peut être vrai ou vérifiable.


Le phénomène des chambres d’écho, qui permet la répétition et l’amplification d’une même donnée ou d’une croyance, nous conforte dans l’idée que nous avons raison quoique nous pensions. Les sources n’y sont généralement jamais remises en question et les points de vue opposés sont invisibilisés. Nous nous retrouvons alors enfermés dans des bulles cognitives qui nous isolent intellectuellement et nous permettent de croire ce que nous voulons, jusqu’aux vérités les plus invraisemblables.


Nous ressentons la nécessité de susciter la réflexion sur nos usages d’internet et des réseaux sociaux, et sur notre rapport à la vérité. En s’appuyant sur une documentation scientifique et sur des entretiens avec des sociologues, il nous semble en effet passionnant et nécessaire de rendre compte des mécanismes entrant en jeu dans l’élaboration d’une croyance. Ce spectacle sera également l’occasion de s’interroger sur les effets – sur la démocratie et la cohésion sociale-
de la remise en cause permanente du statut de la vérité.


Dans une société qui pousse à rester dans un entre-soi ou une communauté de pensée, comment développer et conserver un esprit critique ? Comment susciter la curiosité et l’envie de découvrir l’autre ?

NOTE D’INTENTION


Nous souhaitons créer un spectacle pluridisciplinaire, ludique et décalé, à l’attention des adolescents et des adultes, qui donne à voir les dérives et les contradictions de notre rapport à la vérité. Les adolescents, très consommateurs de contenus Internet, nous semblent particulièrement vulnérables. Nous avons envie de nous adresser à eux pour leur faire prendre conscience des risques liés à leurs usages.


Par une documentation détaillée et des entretiens avec des chercheur.e.s nous tenteront de répondre à ces questions:


– Qu’est-ce qui se met en place dans notre cerveau lorsque nous choisissons un contenu plutôtqu’un autre ?
– Quels mécanismes cognitifs font que nous allons, presque malgré nous, nous laisser absorberpar des contenus, sans parvenir à maîtriser ni le fond ni le temps que nous y consacrons ?
– Quels sont les enjeux à l’échelle d’une société de la démultiplication de contrevérités?

L’écriture au plateau va consister ensuite à mettre en scène des situations liées à cette thématique, avec son, objets et mouvement.

Le spectacle permettra donc de trouver la traduction théâtrale de ces questionnements scientifiques et consistera en une vulgarisation d’un tel discours.


A la manière de certains youtubeurs, une comédienne-clown proposera d’enquêter sur le cerveau humain pour tenter de comprendre son fonctionnement face aux fake news, aux chambres d’écho, aux biais cognitifs ou aux théories complotistes…


Cette forme ludique, en interaction avec les spectateurs, permettra de susciter de la réflexion tout en restant sur un registre décalé.


Le spectacle a pour vocation d’aller à la rencontre du public et prendra donc une forme volontairement légère techniquement et adaptable à tous type de lieux, (théâtres, médiathèques, établissements scolaires…).

GENESE DU PROJET

 

En 2018 la compagnie Les Filles de l’ogre crée le spectacle My Name is…Alice d’après
Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll, mise en scène par Marie Ballet. Cette création permet à la compagnie de continuer le travail d’exploration du langage et de l’imaginaire, initié par sa première création Faim, Poème du Petit Poucet. Elle est également l’occasion de concevoir un univers visuel basé sur l’image et les ombres projetées.


L’adaptation du roman de Lewis Carroll, issue d’un travail dramaturgique puis d’écriture au plateau, est nourrie de matière documentaire et d’improvisations. Des rencontres avec des chercheurs en sciences au sujet des phénomènes physiques questionnés dans l’œuvre et des interviews, d’enfants et d’adultes, ont permis de nourrir notre réflexion. Tous ces éléments divers accumulés sont finalement inclus dans l’écriture du texte.


Ce sont ces processus d’écriture et ces questionnements scientifiques qui nous ont donné l’envie de poursuivre cette recherche documentaire avec la création de Chambres d’écho. Cette fois-ci cependant le surgissement de l’absurde ne provient plus d’une oeuvre littéraire mais est une production de nos sociétés ultra médiatisées.


Nous désirons approfondir le lien entre science et théâtre et multiplier les rencontres et les échanges avec des chercheur.e.s.

Depuis 2021 Marion Amiaud travaille avec la Compagnie Enascor, artiste associée à la scène de Recherche de l’Ecole Normale Supèrieure de Paris Saclay et à la Chaire Compabilité écologique du Collège des Bernardins. Il ressort de ces rencontres qu’aujourd’hui la communauté scientifique éprouve le besoin de se faire entendre et de vulgariser son discours. Un effort de communication lui est de plus en plus demandé.


Ce projet est donc né de cette double nécessité.

UN PROJET PLURIDISCIPLINAIRE,
AU CROISEMENT DU THÉÂTRE ET DE LA SCIENCE

 

Chambres d’écho est un projet pluridisciplinaire qui mêle création sonore, mouvement dansé et théâtre d’objets.

Le texte du spectacle naîtra de la matière textuelle récoltée pendant notre phase de recherche (essais, entretiens, etc.) et d’improvisations effectuées pendant nos premières résidences de travail. Mais le spectacle fera l’objet d’une dramaturgie plurielle. En effet, le son, le mouvement dansé et la manipulation d’objets participeront au même titre que le texte à la narration du spectacle.

Le son permettra de faire exister un extérieur -ou un hors champ- et d’avoir accès en direct à des contenus informatifs par le biais de pastilles sonores ou d’extraits d’entretiens. Dans le même temps, le titre du spectacle, Chambres d’écho, appelle à une richesse d’explorations sonores: répétitions, amplifications, réverbérations… Nous souhaitons ainsi rendre perceptible la façon dont nos écrans peuvent nous faire perdre nos repères spatio-temporels et nous rendre crédules face à des vérités erronées ou des croyances.

Un travail sur le mouvement nous amènera à nous questionner sur le corps -notamment celui des adolescents- face au monde virtuel. Un corps trop souvent délaissé, dans lequel on se sent vite engoncé voire enfermé, alors même qu’à l’écran nos avatars se surpassent en force et en habileté physiques. Nous souhaitons trouver un vocabulaire corporel qui puisse rendre compte de cette problématique.
Le théâtre d’objets permettra de créer des scénettes visuelles qui viendront ponctuer le spectacle et ouvrir à d’autres échelles et/ou à d’autres perspectives.

Avec cette écriture plurielle singulière, nous voulons donner aux phénomènes scientifiques qui nous préoccupent une traduction théâtrale et poétique.

Enfin, face à l’emprise d’Internet et des réseaux sociaux, comment retrouver le chemin de nos imaginaires ? La création sonore, comme le mouvement dansé ou le théâtre d’objet, tenteront de proposer des ouvertures poétiques et décalées vers des ailleurs possibles.

NOTRE DÉMARCHE

 

1. Phase de recherche 1er semestre 2023


Ouvrages théoriques
Gérald Bronner: La Démocratie des crédules, L’Apocalypse cognitive : la face obscure de notre cerveau, Rapport des Lumières à l’heure du numérique.
Myriam Revault d’Allonnes: La faiblesse du vrai.
Julien Cueille: Le Symptôme complotiste
Marie Peltier: Obsession : Dans les coulisses du récit complotiste,
L’ère du complotisme : La maladie d’une société fracturée.
Podcast – Complorama – France Info, Mécaniques du complotisme – France culture, Le vrai du faux – junior – France Info – Youtube – Crétin de cerveau, Hygiène mentale …
Webserie –Dopamine

 

2. Etape de questionnement et d’échanges


Rencontres avec des scientifiques pour les inclure dans notre processus de recherche.
Gérald Bronner- sociologie
Oum Kaltoum Mahmoudi- Sciences de l’Information et de la Communication
Marc Dubrulle- Sciences de l’éducation
Eva Soteras – Sociologie
Romy Sauvayre – Sociologie des croyances
Serge Goldman -Neuroscientifique

 

3. Etape d’improvisation et d’écriture / saison 2023-2024


Ecriture au plateau à partir de la matière dramaturgique et documentaire accumulée.

 

4. Création du spectacle / 2024

Infos et contact
Marie Ballet – Compagnie Oui Aujourd’hui / marie_ballet@hotmail.com / 06.15.77.78.66
Marion Amiaud et Sarah Gautré – Compagnie Les filles de l’ogre / lesfillesdelogre@gmail.com / 06.08.58.99.72